Au moment où j’écris ces lignes, le gouvernement a annoncé des compressions majeures pour le secteur universitaire.
On devine l’ampleur, mais on n’en connaît pas encore les tenants et aboutissants.
Même si on a le sentiment que le ciel va nous tomber sur la tête, il est essentiel de jeter un regard lucide sur nos priorités afin de tracer consciemment une voie malgré les embûches et les restrictions de toutes sortes.
Faire face au «choc»
De mon poste d’observation et d’action, voici ma vision des choses:
Dans un environnement sous forte pression et dans lequel il devient impératif de choisir, on ne peut faire l’économie d’avoir des repères. Cela me rappelle le livre La stratégie du choc de Naomi Klein.
J’en avais tiré une leçon : sous un «choc» majeur, provoqué ou non, une organisation ou une institution peut être amenée à dévier de la trajectoire qui correspond à ses intérêts et à ses valeurs, faute d’avoir établi ses repères.
Il faut avoir ses marques, autrement il est difficile de composer avec un environnement sous l’effet de la tourmente.
Là s’arrête l’inspiration du livre de Klein, mais pour tout observateur attentif, les crises se présentent souvent comme une «fenêtre d’opportunité», mais pour qui ?
Dans un tel contexte, souvent, les vieux démons reprennent du service ou une certaine panique s’installe. Il faut préserver notre institution de ces tentations.
Notre personnalité
Il est nécessaire de revenir aux valeurs fondamentales qui animent notre université et bien définir notre personnalité institutionnelle.
Grande université de recherche, l’Université de Montréal réunit un ensemble fort diversifié de champs de compétence, de formation et de recherche.
Notre institution a permis de s’exprimer aussi bien des disciplines fondamentales, des sciences aux lettres en passant par les humanités, que des formations répondant à un profil plus professionnel, non seulement en santé, mais également en arts, en création et en services auprès des populations.
Ce tableau est évidemment tracé à gros traits : il est certainement perfectible.
Je veux pourtant insister sur une idée fondamentale : ce qui fait notre force, ce qui nous donne une personnalité de tout premier plan, ce qui nous distingue devrait être notre point d’appui dans notre traversée du «gros temps».
Une vision stratégique
Dans la période qui vient, il faut être attentif aux attitudes.
On peut rester fidèle à une conviction tout en démontrant une certaine souplesse. Tabler sur la solidarité au sein de l’institution n’interdit de poser des questions de fond sur l’utilisation des ressources.
De façon générale, on doit se mettre en mouvement et avoir des projets. Plus que jamais, il faut maintenir et développer l’esprit d’entreprise et chercher à innover dans nos pratiques.
Concurremment, il est impératif de définir une trajectoire «essentielle», qui est en accord avec nos valeurs fondamentales et nos choix stratégiques. Cette trajectoire doit répondre à la question suivante : quelles sont les grandes priorités de développement retenues et comment les réaliser ?
La trajectoire essentielle devient notre boussole, notre guide pour faire face au «choc» et garder le cap, sans être «désorienté».
Cela demande de pondérer les priorités, de les hiérarchiser afin de bien baliser cette trajectoire : retenir ce qui assure un rythme de croisière et tabler sur les percées qui apparaissent les plus porteuses pour l’institution.
En ce sens, le dernier plan stratégique de la Faculté (déposé en octobre 2013) reste plus que jamais d’actualité. Plutôt que de le reléguer aux oubliettes, il doit servir. Cela fait partie de nos repères.
La communication
La communication va jouer un rôle essentiel dans la façon de faire notre travail et de mener notre réflexion.
Elle doit nous occuper dans nos relations avec les directions départementales et facultaires, tout autant qu’avec la direction de l’Université.
Pour bien faire, il faut s’informer avant et pendant le processus de prise de décision et bien communiquer le résultats de nos travaux.
Dans ce contexte, la conversation, la délibération, le dialogue sont plus que jamais cruciaux et doivent être privilégiés.
C’est aussi l’affaire de tous. Toute personne qui a des responsabilités, à quelque échelon, doit être attentif à l’impératif de la communication et ne pas perdre de vue la confirmation de notre position dans le monde universitaire.
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Comme doyen de la Faculté des arts et des sciences, quelle que soit mon opinion sur la politique qui est mené, j’ai le souci que nous puissions nous regrouper et nous mobiliser pour faire face au «choc» qui vient afin que nous ne soyons pas détournés de notre route et distraits de nos priorités :
- - stabiliser et consolider les effectifs étudiants au premier cycle,
- - développer les études des cycles supérieurs par la croissance des effectifs et l’innovation dans les programmes,
- - resserrer notre appui aux activités et initiatives de recherche
- - assurer le bassin des professeurs compatible avec ces objectifs
- - renouveler les pratiques pédagogiques, atteindre le rythme de croisière dans la production de cours en ligne et proposer une offre systématique en formation continue,
- - assurer l’essor de la philanthropie et œuvrer pour le Complexe des sciences
